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Paroisse Saint Macaire
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20 janvier 2011

Semaine œcuménique

Le Parvis Environnement et responsabilité chrétienne.

Un préliminaire: la vocation « irénique » (de paix) du chrétien s’impose face aux crises actuelles en particulier « écologique » ou environnementale, celle qui nous intéresse ce soir. Il serait vain d’approcher des situations de crise sans pacification du cœur sans inclure dans le concert des négociations le livret de « la communication non violente ». Dans l’église orthodoxe byzantine, l’office pour « la protection de l’environnement », nous dit ceci : « Donne-nous donc, Ami des hommes, la sagesse et le savoir, afin qu’ayant reçu pour notre usage ces dons, nous sachions sans dépasser les bornes de la nature, nous conduire avec raison ». Nous parlons bien de la réception de la création comme don du créateur, que nous appelons « temple magnifique de l’univers non fait de main d’homme » ! Et plus loin l’office appelle à garder «  sans pollution ce qui nous est confié ».pour se terminer par un appel relatif au peuple « pour qu’il soit comblé de bénédictions et trouve le droit chemin de la paix ». Le maintien de « l’équilibre écologique » est affirmé indissociable d’un esprit de paix. L’expérience spirituelle se conjugue sur le mode pragmatique de l’expérience de la nature, la découverte de ses lois et finalement de la contemplation que son harmonie et sa beauté ne peuvent qu’inspirer, jusqu’à chanter comme le « poverello » d’Assise saisi d’émerveillement, un « cantique des créatures ». La question de l’environnement est à la une, ou presque, de nombreux programmes politiques concernant la préservation de « l’équilibre naturel ». Au cœur de  l’épreuve de «l’humainement nécessaire » nous glissons cependant vers l’urgence de « l’humainement vital ». La « terre-mère » des anciens vit le drame paradoxal d’une matrice fécondant la mort plutôt que la vie, parturiente broyée de désespoir sachant que l’enfant qu’elle met au monde est en danger immédiat. Notre tradition chrétienne dans ses diverses expressions nous rappelle sans cesse ce qu’est le don de Dieu : d’une part, un univers au sein duquel se manifeste la dignité de l’homme appelé à avoir « autorité », faire croître, et d’autre part, une « action commune », pour « signifier », ce que nous appelons « la Vie de Dieu » dont le Logos imprime la marque en toutes choses. ‘’Cette Présence’’, dira Teilhard de Chardin en septembre 1933, ‘’illumine en leurs profondeurs les secrètes zones de toute chose et de tout homme autour de nous. Nous la pouvons atteindre en la pleine réalisation (et non dans la simple jouissance) de toute chose et de toute homme’’. Autrement dit il n’y a pas d’alternative à notre vocation humaine : soit nous nous « réalisons » les uns les autres jusqu’à l’accomplissement de nos vies, soit nous « jouissons » les uns des autres jusqu’à l’épuisement. Qu’en est-il de notre vocation chrétienne dans le panthéon des aspirations à un monde meilleur, sain, pur, respirable, nourrissant, désaltérant, vivifiant ? Pourrait-elle réensemencer le cœur et l’esprit en témoignant de ce que la fraternité entre les hommes en est aussi une avec la nature ? Que cette dernière n’est pas seulement un bien de consommation mais un don à partager. Et que depuis les origines, en passant par la lumière transfigurante du Thabor, ce n’est plus seulement l’homme qui est touché par cet éclat de grâce mais le cosmos tout entier. Sans aller pour autant jusqu’à ces frontières inimaginables dans leurs dimensions, si frontières il y a en ce domaine, un des éléments terrestres observable, quantifiable, suffisamment empreint de symbolisme, de rites et rituels qu’est l’eau, pourrait servir de paradigme des nécessités et urgences de la fraternité humaine. Les peuples d’Afrique, du Proche ou du Moyen Orient connaissent presque génétiquement le sens et la noblesse de cet élément, comme les anciens qui vénéraient les sources d’eau et leur attribuaient des vertus salvifiques .Ils connaissaient le prix de ce trésor. Sans déraper vers un animisme omniprésent, il est légitime de demander avec le physicien, et poète à ses heures, Pierre Ottevaere, trop tôt décédé : « eau pure que nous devons chérir avec beaucoup d’amour, eau, aide-nous à te ressentir dans la splendeur du jour ».  Nous voulons nous souvenir, avec une mémoire éternelle, que pour le peuple nomade, les sources d’eau sont intimement liées à la vie et que le puits ou la source sont des lieux de rencontres, d’échanges, de partages, de réunions et de fêtes. Eau de purification pour le corps elle devient eau de sanctification, signe de bénédiction, élément sacramentel, héritage précieux transmis et à transmettre. N’est-ce pas étonnant que nous associions à l’eau le qualificatif de « vive » lorsque nous évoquons le baptême, sacrement de l’initiation chrétienne libérant les captifs de la sécheresse, les opprimés du désert, dans la mort et résurrection de celui qui est La Vie ; sacrement dans lequel catholiques, protestants, orthodoxes peuvent déjà « s’envisager » de nouveau en se désaltérant ensemble à la source commune des eaux baptismales. Au sein du sécularisme ambiant auquel le christianisme n’échappe pas, dans la quête du sens de notre existence même, les faits nous montrent que l’homme perd facilement la dimension « eucharistique » de son environnement naturel. A telle enseigne qu’il ne sait même plus que respirer, boire, manger sont des actes de communion avec la nature, mais aussi avec Celui qui en est l’auteur. Assurer, maintenir, les fonctions vitales du corps est-ce là le seul sens du repas ? N’y a-t-il que des besoins naturels à satisfaire ? Un repas est un « sacrement naturel ». Nous confessons que Dieu a béni le monde et qu’en donnant à l’homme le pouvoir de  nommer les choses, il se fait connaître en toute chose pour que l’homme à son tour bénisse Dieu. Il donne ainsi à l’homme la matière du monde comme celle d’un unique sacrement. Le monde n’est pas seulement « utilitaire » il est « objet » d’offrande et d’actions de grâce. Il définit la dimension sacerdotale de chaque être humain ; il confirme l’homme « liturge » pas plus, pas moins. Si la vision séculariste du monde distingue encore le sacré du profane, la révision liturgique du monde ne peut reconnaître que du « sacré » qui cependant peut être « profané ». Aussi, faire l’impasse de la sacralité de notre environnement conduirait à plus ou moins long terme à une sorte de profanation de la nature et partant à une appropriation illégitime de la vie ; rupture écologique et séisme spirituel, sont les deux faces d’un même drame existentiel. Aussi pour nous préserver d’une telle tragédie le maître de Nazareth a-t-il fait une révélation au bord d’un puits de Samarie : Jésus parlant à la samaritaine décrit en nouveauté de paroles un autre lieu d’adoration que le temple, où l’on adore « en esprit et vérité », et confirme, la communauté des hommes et le monde comme lieu de Sa présence et de notre « communion d’amour » au sein d’une humanité restaurée. Dans ce mouvement « éco-théologique » puissions-nous user d’une « saine théologie » et d’une « sainte cosmologie » pour que notre humanité en jachère, exsangue ou pléthorique, puisse redevenir saine, sainte et féconde. P Daniel

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