LE PAPYRUS DE SAINT MACAIRE MAI 2012
« Le christ s’est levé d’entre les morts, par sa mort Il a vaincu la mort, et aux gisants des tombeaux il a fait don de la Vie. »
En deux jours il nous rendra la vie, le troisième jour Il nous relèvera et nous vivrons en sa présence’’ Osée : 6/2
Dans la lumière de la Résurrection en communion avec les « vivants du ciel » écoutons et réensemençons dans le terreau de nos vies ces fleurs bibliques qui ouvraient nos cœurs à la bonne et lumineuse nouvelle de la Vie qui allait jaillir du tombeau.
A propos d’Elie : ‘’ Toi qui fit se lever un défunt du sein de la mort, qui l’arrachas au shéol par la parole du Très Haut’’. (Eccl : 48/5)
A propos d’Elisée : ‘’ Jamais rien ne l’a pu vaincre ; son corps même après sa mort fit acte de prophétie. Durant sa vie il avait fait des prodiges après sa mort il fit des miracles’’. (Eccl : 48/14-15)
C’est pourquoi avec le prophète Osée‘’appliquons-nous à connaître le Seigneur ; sa venue est certaine comme celle de l’aurore. Il nous arrivera comme la pluie, comme l’ondée du printemps qui arrose la terre ». (Osée : 6/3).
Cependant Il est déjà là et il se laisse « toucher ». Pourtant lorsque Marie de Magdala est appelée par son nom le « premier jour de la semaine » et qu’elle reconnaît Jésus (« Rabbouni », s’écrit-elle), celui-ci lui répond : ‘’Ne me touche pas ‘’ ou ‘’ne me retiens pas’’ (selon la bible de Jérusalem) ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père et votre Père’’. (Jean20/17). On peut comprendre que Marie de Magdala se jette aux pieds de Jésus et veut le toucher pour voir s’il est bien réel. Mais à ce moment il y a mieux à faire : annoncer aux disciples la bonne nouvelle. Jusqu’à Thomas qui eut « besoin » de mettre le doigt dans son côté et ses mains dans ses plaies pour « croire » ; beau verbe à la mesure du VERBE.
Mais si Thomas touche Jésus n’est-ce pas avant tout parce que Jésus lui- même « touche » Thomas par sa parole, le souffle de son Esprit comme il l’a fait avec les apôtres huit jours avant pour qu’ils deviennent perméables à la grâce ?
Voir pour croire ; toucher pour croire…. Jean annonce dans son évangile « ce que mes yeux ont vu et ce que mes mains ont touché du Verbe de Vie » !
Combien ont été « touché » par Jésus ? L’aveugle né chez lequel la salive de Jésus avait restauré la vision ; la femme souffrant d’un flux de sang réussissant à ne toucher qu’une frange du manteau du divin Maître et qui fut guérie car elle osa braver l’interdit mosaïque en « touchant » un homme qui selon la loi aurait été impur. Mais rien ne fut plus fort que son désir et sa foi, que Jésus « légitime » en la lui confirmant.
Souvenons-nous de la résurrection de la fille de Jaïre dont il prend la main en prononçant ces mots si simples : « Mais lui prenant sa main l’appela :’’Mon enfant réveille-toi’’. » (Luc, 8/54)
Se laisser toucher par Jésus
Jésus revenu vers le Père sa présence historique est abolie seule demeure sa présence « liturgique ». La relation devient eucharistique dans la réalité de la nature humaine « touchée » par le Verbe, car ce que je reçois en mon corps dans l’eucharistie est la vie même de Jésus Christ qui me touche jusque dans mes entrailles .Certes il y a communion mystique, mais dans la réalité concrète du pain et du vin consacrés « corps et sang » du Ressuscité. Et de cette rencontre se confirme le sentiment de sa présence qui donne à la nature du créé sa dimension « primordiale » et inaugure une nouvelle capacité de relation.
« Offrons-nous nous-mêmes les uns les autres »
Un auteur contemporain, Jean Debruynne, écrivait : « nous avons des mains pour que nos gestes ne soient pas muets » ! Nous sommes là dans le concret de l’existence, dans la densité de la chair, au cœur du beau ou du tragique de nos destinées. On ne peut pas toujours laisser les êtres « à distance » si respectable fût-elle. Même si celle-ci est nécessaire pendant un temps, elle doit être franchie pour dire avec la main ce que le silence du cœur a fécondé.
Une femme, médecin, au décours de sa récupération après un « burn out » qui l’avait amenée à une tentative de suicide disait après être sortie de son coma :’’ Quelqu’un, parce qu’il m’a touchée, m’a fait sentir que j’étais une vivante ».
Comme on pose un regard aimant sur quelqu’un ainsi peut-on le toucher avec amour et délicatesse. Nos enfants devraient être éduqués dès le plus jeune âge au sens (apparemment banal selon le monde) du toucher. Que leurs facultés humaines puissent s’épanouir en touchant à la beauté, à la douceur, même au travers des turbulences de leur « âge ingrat ». Ils ne savent pas spontanément se donner la main !
Que faisons-nous lorsque nous nous donnons le baiser de paix ? Nous entrelaçons nos mains et les portons à nos lèvres. A ce moment là il faut se rappeler que nous offrons nos mains et que nous bénissons ce que nos mains ont touché ! Et que le Seigneur bénit l’œuvre de nos mains. Nous ne faisons plus les choses de la même façon quand les outils sont sanctifiés. Et non seulement les outils mais tout ce qui est de notre capacité à grandir en « co-existence » d’amour avec le Ressuscité.
Père Daniel
« Aux frontières de l’éternité etdu temps se dresse le Christ ressuscité.Sa résurrection donne sens à l’univers entier et à chacune de nos vies ».
Patriarche Athénagoras